DOSSIER : Artisanat d'Amérique Latine

Masque portant le costume de charro (Mexique)

De l'époque précolombienne à l'Amérique latine d'aujourd'hui, en passant pas la longue période de la colonisation, l'histoire de l'artisanat dans le continent s'est modelée de multiples héritages qui donnent à cet ample territoire une grande variété patrimoniale.

Pour celui qui voyage en Amérique Latine, le souvenir des marchés restera la plus belle illustration de la vie et de l'art populaires du continent. Les vendeurs sont souvent aussi fabricants de leurs produits et on est saisi par la profusion et la variété des couleurs, des odeurs et des cris. Certains de ces objets artisanaux présents dans les marchés sont devenus emblématiques du continent comme le poncho, le châle mexicain, la maroquinerie d'Argentine ou le panama... fabriqué en Équateur !

Cacique Quimbaya (200-1000 apr. J.-C., Colombie)


C'est dans les pays marqués par les grandes civilisations précolombiennes des Andes et d'Amérique centrale que les savoirs-faire immémoriaux se sont le mieux maintenus. Enrichis des apports culturels européens de la période coloniale, ils continuent de se développer, nourrissant la vivacité des traditions ou donnant des pièces de luxe.
Au Mexique, au Guatemala, et au Chili, le travail des pierres semi-précieuses est renommé. 
La Colombie est célèbre pour ses bijoux en or. Le Pérou, pays de l'argent, pour ses orfèvres.
La poterie et la céramique trouvent dans chaque région de la Colombie, du Pérou, de l'Équateur, de la Bolivie, du Mexique ou du Guatemala des expressions spécifiques qui diffèrent par les motifs, les argiles utilisées ou les techniques. On fabrique aussi des objets au goût du jour.
Pour le tissage, les techniques amérindiennes se sont souvent maintenues.
L'art de la plume pour élaborer des coiffes, des ornements corporels ou décorer des objets est une autre de ces pratiques ancestrales héritées du passé indigène. Tout comme l'art de faire des parures avec des graines ou des os.

En Argentine et en Uruguay, l’artisanat ne s’inscrit pas dans la tradition des anciennes civilisations, mais plutôt dans celle du gaucho qui se perpétue dans la maroquinerie : ceintures, sacs à main, vestes, coussins, portefeuilles. Cette figure du gaucho, tout comme celle du charro mexicain, est un motif où se fixe l'identité nationale.

Partout, en Amérique Latine, nombreux sont les artisans virtuoses. Ainsi le livre Otavalo : ayer, hoy y siempre s'arrête sur le travail de Marianita Moreano qui, tout au long de sa vie, a créé des figurines qui mettent en scène la vie quotidienne des indigènes de sa région. Une collection qui constitue un inventaire extraordinaire des coutumes de la vallée d'Otavalo, en Équateur.

Relief de Pacal II (Palenque)

Le Mexique est sans doute l'un des pays qui illustrent le mieux cette richesse artisanale. On y trouve des sites archéologiques majestueux comme Chichen Itza, Palenque ou Teotihuacán qui témoignent du travail des antiques artisans indigènes. On peut y visiter des villes qui sont des espaces patrimoniaux de première importance comme Puebla ou Guadalajara et où on peut voir comment les arts décoratifs qui se sont développés durant la période coloniale ont embelli les villes et les habitations. Le pays offre des objets artisanaux d'une grande variété et d'une belle qualité qui montrent la pérennité et la créativité des savoirs-faire. Et les fêtes qui rythment l'année sont l'occasion d'élaborer des costumes, des guirlandes, des piñatas ou des figurines... Tout un art populaire très vivant que le numéro de Artes de México consacré au musée Ruth D. Lechuga permet d'appréhender.

Les objets artisanaux peuvent être utilitaires, en lien avec la pêche, les activités agricoles, la vie quotidienne. On pense bien sûr à l'usage de la céramique pour la cuisine mais il existe aussi des bols élaborés à partir de coques de fruit, des récipients en bronze, des couverts en os, etc. Les créations artisanales ont souvent aussi une dimension symbolique et nombre d'entre elles sont élaborées en lien avec des rituels. Il existe par ailleurs, une tradition de fabrication de jouets en bois, en tissus, en terre... Ainsi au Salvador, on fabrique des camions, des figurines, des toupies en bois. Guanajuato, au Mexique, est célèbre pour ses poupées et ses masques de carton. 

La poterie, la vannerie, le tissage des fibres végétales et le travail de la pierre furent les premiers moyens d’expression artistique des civilisations précolombiennes. Ces modes d’expression liés à la vie quotidienne des indigènes, ou aux rituels qui rythmaient l'année, ne connurent pas une fin brutale à l’arrivée des Espagnols mais se conservèrent au cours du temps sous des formes à peu près identiques à celles de leur origine.

Les ouvrages consacrés à l'art précolombien permettent de se faire une idée de la richesse culturelle des antiques civilisations du continent. Les statues de pierre, les amulettes de jade, les représentations en céramique, les mosaïques, les ornements en or... sont autant de témoignages des larges savoirs-faire des peuples premiers. Tous ces objets constituent un patrimoine précieux pour les peuples indigènes surtout pour ceux qui défendent encore leur mode de vie et leur culture ancestrale comme les Mapuche du Chili et de l'Argentine ou les Wayuu de Colombie.

Céramique représentant un chaman-jaguar (1000-1350 ap. J.-C., Costa Rica)

Ainsi, la céramique est un artisanat très présent dans toutes les zones andines et mayas. En Colombie, au Pérou, en Équateur, en Bolivie, au Mexique et au Guatemala, chaque région a développé des techniques et des styles spécifiques selon ses ressources propres. Encore aujourd'hui, on trouve des poteries fabriquées selon des techniques très anciennes, avec les mêmes argiles et les mêmes sels de fer pour la décoration, avec le même mode de cuisson et d’oxydation à l’air libre. Au Mexique et au Guatemala, dans la région maya, la poterie est omniprésente et s'est enrichie des apports hispaniques. Elle varie selon les argiles : noire, crème, rouge. Elle était liée, à l’époque pré-hispanique, aux célébrations religieuses et aux nécessités de la vie quotidienne.
La vannerie est, elle aussi, héritée du monde précolombien. De nombreux groupes ethniques actuels maintiennent cette tradition et fabriquent des paniers, des sacs, des hamacs avec une grande variété de végétaux : jonc, bambou, roseau, paille... On peut citer l'ethnie des Cayapa, en Équateur, qui tresse de grands paniers que les femmes portent sur le dos.
Parmi les artisanats les plus appréciés de la créativité populaire, il faut, bien sûr, mentionner le tissage pratiqué depuis des temps immémoriaux par les peuples autochtones. Parmi eux, les Mayas qui, encore aujourd'hui, produisent des pièces de tissus de toute beauté où se mêlent tradition hispanique et pré-hispanique. On pourra consulter, pour en mesurer la richesse, la collection extraordinaire du Centre textile du Monde Maya. Le fonds América propose plusieurs ouvrages pour découvrir cet artisanat : manuel de tissage mapuche, images de la culture Huichol...
Typique aussi des cultures amérindiennes, le travail de la plume qui permet d'élaborer des coiffes ou des pectoraux mais aussi des ponchos.

Coiffe-masque wayana (Bresil-Guyane française)

Nombre d'objets et de techniques traditionnels encore utilisés aujourd'hui sont issus du monde amérindien : le hamac est un des plus connus mais on peut mentionner aussi la natte que l'on appelle petate, mot d'origine aztèque, les teintures tirées du bois brésil d'Amérique centrale, les couvertures de laine blanche et noire des Indiens mapuche du sud du continent...
Les motifs qui se répètent dans les broderies, sur les céramiques ou les bijoux font partie, eux aussi, d'un long et riche héritage. Ainsi, au Mexique, le motif du soleil adoré par les Aztèques, reste très présent. Un répertoire iconographique comme celui de Cesar Sondereguer, Diseño precolombino : catálogo de iconografía mesoamericana, centroamericana, suramericana permet d'identifier un grand nombre de ces motifs pré-hispaniques.
Si on regarde seulement les motifs d'animaux, on découvre une vaste iconographie qui trouve sa source dans les légendes et les mythologies amérindiennes : Chauve-souris, singe, crapaud, papillon que les Maztèques voient comme l'âme quittant le corps ou, encore, jaguars qui, selon les anciens Mayas, peuplèrent la terre avant la création de notre monde.
Le motif du serpent fait parti de ceux hérités des temps pré-hispaniques. Il est un élément majeur de la mystique maya comme l'atteste les nombreuses représentations de Quetzalcóatl, le serpent à plumes. Dans la mythologie andine, un des serpents les plus importants est le serpent Amaru, totem du savoir, lié à l'éclair, à la pluie, à l'eau.
Les oiseaux sont très présents dans l'iconographie passée et actuelle. Dans le monde andin, le condor, l'aigle ou le perroquet étaient vénérés comme des ancêtres.

Serpent à plume

Il faut signaler, enfin, que l'activité même de l'artisan était, et peut être encore, considéré comme sacré. Ainsi, en tissant, la femme maya reproduit le moment mythique du commencement du monde selon une relation métaphorique qui lie la lune, le tissage et la fertilité. La déesse maya Ixchel était une déesse lunaire de la médecine, de la fertilité, des accouchements et du tissage. 

L'artisanat d'Amérique Latine s'est constitué de traditions amérindiennes et d'apports apparus durant la période coloniale. Les techniques, les matériaux, les motifs et les usages reflètent ce métissage des cultures pré-hispaniques et de celles venues du vieux continent : hispanique, mauresque, italienne...

Les Espagnols amenèrent de nouvelles techniques mais aussi de nouveaux matériaux : le fer forgé, la laine, les textiles fabriqués à l'aide du métier à tisser semi-automatique employé alors en Europe... Ils arrivent aussi avec une longue tradition artisanale nourrie elle-même de multiples apports. À Cuba, où la civilisation indigène fut vite anéantie, la ville de La Havane illustre bien l'héritage culturel que les conquérants amènent aux Amériques. De même, on trouve trace dans l'architecture mexicaine de l'art mudéjar : arc en fer-à-cheval, décoration en plâtre ciselé polychrome et en céramique, plafonds à caissons avec marqueterie...
En Uruguay, il existe une longue tradition de carreaux de céramique catalans, valenciens et français.

San Matias Tepetomatitlán (Tlaxcala, Mexique)

Mais, les formes artistiques indigènes ont souvent perduré malgré la conquête et la colonisation donnant notamment une coloration particulière aux mouvements culturels importés d'Europe. Ainsi, le Baroque, qui parvient aux Amériques d'abord au Mexique puis s'étend vers le sud du continent, montre bien que l'expression artistique américaine se nourrit autant des traditions autochtones que des apports coloniaux.

Le catalogue de l'exposition Ecuador : Tradición y modernidad constitue un témoignage précieux d'une tentative de capter l'essence métisse d'une nation américaine, l’Équateur. Le livre Artefactos : Objetos artesanales de Colombia permet de mesurer la diversité des cultures où puise l'artisanat colombien : cultures des peuples premiers du territoire comme les Arawak, les Caribes ou les Chibchas, influences des Mayas et des Incas, apports hispaniques et africains de la colonisation.

Talavera de Puebla

La céramique est un domaine qui illustre clairement l'enrichissement produit par ces rencontres culturelles parce qu'on y trouve des éléments arabes et asiatiques, des éléments indigènes et espagnols... Les potiers indigènes d'avant la conquête ne connaissaient pas le tour du potier, ni le four fermé. L'émaillage de la céramique est aussi une pratique amenée par les Espagnols.
À Puebla, au Mexique, on trouve, encore aujourd'hui, un style de céramique : la Talavera, apparue en Espagne, à Talavera de la Reina, au XVIe siècle. Elle dérive de la majolique italienne. Les carreaux de céramiques (azulejos) où se mêlent héritages arabe, hispanique et chinois ont contribué à l'architecture particulière de Puebla.
Le livre La loza de la tierra : cerámica vidriada en el Perú fournit une approche très complète et bien illustrée de l'histoire de la céramique à usage domestique au Pérou : on y voit que si la vaisselle des conquérants venait de la péninsule ou du commerce avec l'Orient, ils appréciaient aussi les productions indigènes.

On trouve trace du travail de l'or et de l'argent par les peuples premiers du continent dès 1200 avant J.-C. Un savoir-faire qui s'est enrichi durant la période coloniale notamment au Mexique, en Équateur, en Colombie, au Pérou et en Argentine. Les orfèvres réalisent des pièces qui varient selon les traditions autochtones de chaque région et selon les influences amenées par les colons. Ainsi, en Argentine, un des premiers orfèvres espagnols qui s'installent à Rio de La Plata, Juan Velázquez, faisait partie de l'expédition de Pedro de Mendoza et était originaire de Séville.

Bien d'autres domaines artisanaux révèlent ce métissage.
L'art de la mosaïque, associé pour nous à l'expression artistique antique fait partie aussi des savoirs-faire anciens des peuples précolombiens.
Si on regarde du côté du tissage, on apprend que le châle emblématique du Mexique n'est apparu que dans la période coloniale issu de la coutume des femmes de se couvrir la tête pour assister à la messe.
La broderie montre, elle aussi, de multiples influences. À Olinda, au Brésil, il existe de jolies broderies inspirés des colons portugais. L'influence mauresque se manifeste par l'usage de fils d'or et d'argent.
Le travail de la laque qui existe depuis la période pré-hispanique au Mexique a enrichi l'élaboration des coffres, tradition, elle, venue d'Espagne.

Arbre de vie

Les motifs utilisés, eux aussi, illustrent ce mélange des influences culturelles. Ainsi, aux motifs floraux appréciés traditionnellement par les Indiens au Mexique s'est ajouté la tradition décorative mauresque amenée par les Espagnols. On retrouve aussi dans les décorations sculptées des bâtiments coloniaux des styles qui rappellent les motifs décoratifs andalous.
Les conquérants amènent une nouvelle iconographie notamment religieuse. Un des objets où se remarque le plus nettement le syncrétisme religieux est l'arbre de vie sculpté : Il représente Adam et Ève dans le jardin d’Éden, entourés d'anges, de fleurs et d'animaux selon une structure complexe où se mêlent motifs indigènes et espagnols.
La symbolique du serpent, très importante dans les civilisations précolombiennes, s'est teintée d'une valeur négative issue de la tradition catholique. Animal cosmique duel lié tout à la fois à la vie et à la mort chez les Huichols, les Nahuas, les Mixtèques ou les Otomies, c'est un motif séducteur qui évoque aussi la tentation. Ainsi, on retrouve dans les masques de diable du carnaval la figure du dieu aztèque Tlaloc, une divinité de l'eau et de la pluie que l'on représentait avec un masque pourvu de longs crocs et de grands yeux ronds entourés de cercles qui étaient souvent des serpents

En Amérique Latine, comme en Europe, les artisans contribuaient, et contribuent encore, à embellir les espaces et les temps de la spiritualité. Les formes nouvelles de la foi se sont superposées aux anciennes dans les rituels mais aussi dans les objets ou les motifs qui les accompagnent. Les festivités qui rythment l'année s'accompagnent de toute une expression artistique de la religiosité populaire.

Dans le monde précolombien, nombre d'objets artisanaux sont liés à la spiritualité et aux croyances. On pense, bien sûr, aux totems d'Amérique du Nord mais on peut aussi mentionner les coiffes rituelles des Indiens kayapo du Brésil, les maracas sacrées des chamans yekwana au Venezuela ou, encore, les masques du soleil, de la lune et d'animaux des Indiens moxo de Bolivie.
Les objets pré-hispaniques retrouvés par les archéologues illustrent l'importance de l'artisan dans la pratique rituelle, notamment l'orfèvre. L'or, tant convoité par les conquérants, étaient, pour les Amérindiens, lié au culte solaire et servait d'aliment au dieu. L'argent, lui, était associé au culte lunaire. Ainsi, dans le territoire de l'actuelle Colombie, l'orfèvrerie était une pratique chamanique de première importance : Les monographies qui présentent les pièces du Musée de l'Or de Colombie permet de se faire une idée de la beauté de cet artisanat rituel. Le livre Plata : Transformación en el arte precolombino del Perú présente des pièces issues du travail de l'argent dans le Pérou précolombien.
Les matériaux comme l'or, l'argent ou le cuivre avaient une dimension symbolique que l'on peut retrouver encore chez certains peuples indigènes comme les Kunas ou les Kogis de Colombie.


Très tôt, la conquête du Nouveau Monde fut aussi une conquête spirituelle comme en témoigne Bernal Diez del Castillo dans son Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne rédigé à la fin du XVIe siècle : « Ils ont des églises richement pourvues d'autels et de tout ce qui sert au saint culte divin : des croix, des candélabres, des cierges, des calices, des patènes, des plateaux grands et petits, des encensoirs, le tout en métal d'argent. Ils sont bien fournis aussi de chapes, chasubles et frontaux ; les villes et les villages riches possèdent même des ornements en velours, damas, satin, taffetas de couleurs et dessins variés, avec des fourreaux pour les croix, très bien travaillés en or et soie, quelquefois ornés de perles. Les croix mortuaires sont recouvertes de satin noir sur lequel sont brodées des têtes de mort d'une ressemblance imposante. ». On le voit, les objets rituels catholiques se sont vite imposés. De nombreuses monographies du fonds América montrent la profusion et la richesse qui accompagnèrent la diffusion de la nouvelle religion sur les territoires conquis comme Las catedrales del Nuevo Mundo, América sacra... et notamment, le rôle que jouèrent les Jésuites dans la transmission des savoirs-faire artisanaux et artistiques liés à l'expression de la foi.

La Catrina (Mexique)

Dans tout le continent, on trouve une grande ferveur qui se manifeste lors des festivités qui rythment l'année. L'élaboration de bougies, de décorations, de costumes... sont autant d'expression artistique de la religiosité populaire où souvent apparaît le substrat indigène. On trouve ainsi, partout, des artisans qui se consacrent à élaborer des représentations de saints ou de vierges en bois, en céramique ou en pierre.
Par exemple, la commémoration des défunts est ancrée dans toute l'Amérique latine attestant de la fusion des croyances européennes liées à la venue de l'hiver avec le culte aux ancêtres amérindiens. Ainsi, au Mexique, le Jour des mort qui suit la Toussaint est une fête très importante : Les familles se rendent au cimetière pour y passer la journée. Ils décorent les tombes de guirlandes, de couronnes et apportent des sucreries pour les défunts.

La frontière entre l'artisanat et l'art est parfois difficile à délimiter. D'abord parce que certaines créations artisanales, par leur beauté et leur qualité, sont à classer dans les œuvres d'art. Et, aussi, parce que la création artisanale trouve des échos dans la création artistique contemporaine.

Des pièces de céramique comme celles créées par le Mexicain Gustavo Pérez dépassent largement le savoir-faire artisanal traditionnel et sont de véritables créations.
De même, si on regarde du côté de l'orfèvrerie, on découvre des pièces contemporaines qui relèvent à la fois de la sculpture et de l'orfèvrerie.
De leur côté, les techniques de la forge ont donné des fontes d'art pour l'ornement mais aussi pour la sculpture et l'architecture.

Certaines créations populaires traditionnelles par leur qualité plastique relèvent autant de l'art que de l'artisanat. On peut citer les molas des Indiennes kuna du Panama qui sont de véritables tableaux de tissus d'une grande complexité technique. On peut citer aussi les peintures naïves des artistes indigènes de Tigua en Équateur qui constituent autant une expression culturelle populaire qu'une expérience plastique qui s'inscrit dans la modernité.


Indienne kuna devant ses molas (Panama)

Par ailleurs, le patrimoine iconographique de la création artisanale et de la culture populaire peut nourrir la création contemporaine.
On pense, par exemple, au Cubain Wifredo Lam (1902-1982) dont le travail mêle enjeux esthétiques d'avant-garde et symboles issus de la culture africaine parvenus aux Caraïbes.
Le livre Imaginarios prehispánicos en el Arte Uruguyao : 1870-1970 permet de découvrir le travail d'un autre grand artiste, l'Uruguayen Joaquín Torres García; un travail nourri du passé indigène et colonial.
On retrouve la même démarche dans le travail d'un autre artiste cubain : Jesús Gonzalez de Armas dont l’œuvre tente de renouer avec la tradition des indiens tainos qui peuplaient l'île avant la Conquête.

Cette utilisation d'une iconographie patrimoniale relève tout à la fois de la recherche identitaire et expressive. C'est ce que l'on observe dans la production artistique des nord-américains d'origine mexicaine, les chicanos, qui reprennent nombre de motifs et de thèmes de leur culture d'origine.

Enfin, dans l'art contemporain latino-américain, on trouve des questionnements sur l'objet créé comme objet transitionnel vers une autre réalité, sur la création comme activité chamanique... des questions qui rappellent que les activités des artisans précolombiens étaient liées à des rituels. On pourra consulter pour appréhender cette dimension de la création la monographie consacrée à l'artiste vénézuélien Víctor Hugo Irazábal.

Documents à consulter

  • Artesanía en Iberoamerica : un solo mundo (Lunwerg Editores, 1992)
  • Revelaciones del arte popular mexicano (Artes de México, 2004)
  • Arte popular de Cajamarca de Marcela Olivas Weston (Antares 2003)
  • La mano artesanal de Margarita de Orellana (Artes de México, 2002)
  • Artesanía mexicana : ideas, diseños y proyectos paso a paso (Editorial Limusa, 1994)
  • Arte popular : Museo Ruth D.Lechuga (Artes de México n°42)
  • ¡Las once y serenoo! Tipos mexicanos, siglo XIX (Conaculta, 2003)
  • Los pueblos más bellos de México (Editorial Limusa, 2005)
  • Otavalo : ayer, hoy y siempre de Mariana Moreano Paez (Édité à compte d'auteur, 2003)
  • Textiles mexicanos de Masako Takahashi (Limusa, 2003)
  • Grandes maestros del arte popular mexicanos (Fomento Cultural Banamex, 2003)
  • Cestería (Artes de México n°38)
  • Arte rural. Photographies de Yann Arthus-Bertrand, texte de Mariano G Fernandes Alt (Ediciones Larivière, 1995)
  • Charrería (Artes de México n°50)
  • L'art précolombien de José Alcina Franch (Editions Citadelles & Mazenod, 1978/1996)
  • Tesoros del Perú antiguo (Obra social y cultural Cajasur, 1999)
  • La colección mexicana del museo etnográfico de Berlin (Artes de México n°17)
  • Arte del Templo Mayor (Artes de México n°7)
  • Las ciudades perdidas de los Mayas : Vida, obra y descubrimientos de Frederick Catherwood. Textes de Fabio Bourbon (Artes de México, 1999)
  • Brésil indien : Les arts des Amérindiens du Brésil (Editions de la Réunion des musées nationaux, 2005)
  • Arte textil : colecciones del Centro de Textiles del Mundo Maya de María Teresa Pomar et Juan Rafael Coronel Rivera ( Fomento Cultural Banamex, 2003)
  • Textiles chuquibamba : 1000-1475 d.C de Marie Frame (Museo de Arte de Lima)
  • Telar mapuche : de pie sobre la tierra de María Mastandrea (Universidad Nacional de la Patagonia San Juan Bosco, 1987)
  • Arte huichol (Artes de México n°75)
  • Textiles mayas : La trame d'un peuple sous la direction de Danielle Dupiech-Cavaleri (UNESCO, 1999)
  • Textiles de Chiapas (Artes de México n°19)
  • Textiles de Oaxaca (Artes de México n°35)
  • Diseño precolombino : catálogo de iconografía mesoamericana, centroamericana, suramericana de Cesar Sondereguer (Ediciones Corregidor, 2004)
  • Diseños nativos de la Argentina clásicos y actuales de Juan José Rossi (Búsqueda de Ayllú, 2003)
  • El diseño indígena argentino : una aproximación estética a la iconografía precolombina de Alejandro Fiadone (La marca editora, 2001)
  • Serpiente en el arte prehispánico (Artes de México n°32)
  • Iconografía de la cultura chiribaya: Diseños de Dorothee Rivka Rago(Instituto Cultural Peruano Norteamericano, 2003)
  • Ecuador : Tradición y modernidad (Biblioteca Nacional de Madrid, 26 avril – 26 août 2007)
  • Artefactos : Objetos artesanales de Colombia sous la direction de Liliana Villegas et Benjamin Villegas (Villegas editores, 1992)
  • Solo detalles : La Havana. Arquitectura. Escultura. Textes de Fernando López, photographies de Liborio Noval et Julio Larramendi (Greta, 2004)
  • La Talavera de Puebla (Artes de México n°3)
  • Azulejos (Artes de México n°24)
  • La loza de la tierra : cerámica vidriada en el Perú (ICPNA ; Universidad Ricardo Palma)
  • Cerámica de Tonalá (Artes de México n° 14)
  • El azulejo en la arquitectura uruguaya : siglos XVIII, XIX y XX de Alejandro Artucio Urioste (Librería Linardi y Risso, 2004)
  • Arte Mudéjar : Exploraciones (Artes de México n°54)
  • Arte Mudéjar : variaciones (Artes de México n°55)
  • Tesoros coloniales de México : Las 7 ciudades de oro (Lunwerg editorres, 2007)
  • Serpiente popular (Artes de México n° 56)
  • Mosaico en México : el taller de la familia Perdomo de Miguel Ángel Fernández (Artes de México, 2006)
  • Diccionario de orfebres rioplatenses : siglos XVI al XX d'Adolfo Luis Ribera (Fondo Nacional de la Artes, 1996)
  • Platería trujillana : precolombina, virreinal, contemporánea (Patronato Plata del Perú, 2002)
  • Platería sudamericana d'Alfredo Taullard (Ediciones Espuela de Plata, 2004)
  • El barroco peruano (Banco de Crédito, 2003)
  • Coiffe blanche Kayapo, un film de Philippe Truffault (Arte France, 2003. Collection : Arts du mythe)
  • Au pays des totems, un film de Michel Viotte (CNC, 1991)
  • Los espíritus, el oro y el chamán : Museo del Oro de Colombia (Centro Cultural Fonseca, Universidad de Salamanca, 7 de octubre de 2002- 19 de enero de 2003)
  • Orfevrería y chamanismo : un estudio iconográfico del Museo del Oro del Banco de la República, Colombia dirigé par Gerardo Reichel-Dolmatoff
  • Museo del Oro : Patrimonio milenario de Colombia (FCE-Banco de la Républica, 2007)
  • Plata : Transformación en el arte precolombino del Perú (Patronato Plata del Perú, 2000)
  • América sacra, photographies de Carlos Díez Polanco (Grupo Santillana de Ediciones, 2001)
  • Las catedrales del Nuevo Mundo dirigé par Pedro Navascués Palacio (Iberdrola, 2000)
  • Ad maiorem dei gloriam : la Compañía de Jesús promotora del arte (Universidad Iberoamericana, 2003)
  • Púlpitos quiteños : la magnificencia de un arte anónimo de Ximena Escudero Albornoz (Fonsal, 2004)
  • Del Sanmarkos al retablo ayacuchano : dos ensayos pioneros sobre arte tradicional peruano d'Emilio Mendizábal Losack (URP-ICPNA, 2003)
  • Día de muertos : serenidad ritual (Artes de México n°62)
  • Gustavo Pérez : Cerámica contemporánea (Artes de México n°74)
  • Rafart : La seducción y el oficio. Orfebrería y Escultura (Ediciones Arte Cubano, 2005)
  • Escultura en plata (Artes de México n°52)
  • El arte del hierro fundido (Artes de México n°72)
  • Molakana : Coudre le monde. Un film de Michel Perrin (CNRS, 2003)
  • Arte de Tigua : Una reflexión de la cultura indígena en Ecuador de Jean Colvin (Abya-Yala, 2004)
  • Tigua : Arte primitivista ecuatoriano de Mayra Ribadeneira de Casares (Centro de Arte Exedra, 1990)
  • Wifredo Lam de Max-Pol Fouchet (Ediciones Polígrafa, 1984)
  • Imaginarios prehispánicos en el Arte Uruguyao : 1870-1970 (Fundación MAPI, 2006)
  • De Armas, le dernier Taïno, un film documentaire de Santi Zagarra ( Zarafa Films)
  • Venezuela : De l'art populaire à l'art contemporain (Fundef, 1995)
  • Triumph of our communities : four decades of mexican american art (Bilingual Press)
  • Amazonia : Apuntes de la inmensidad de Víctor Hugo Irazábal (Fundación Polar)

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