DOSSIER : Les Amérindiens dans le fonds América


Indiens Guanas 1827 (Institut Hercule Florence)
 

Premières populations à habiter le continent américain, les Amérindiens sont amplement représentés dans le fonds América de leurs origines à l'époque actuelle. Nombre de documents permettent d'appréhender la richesse et la diversité de leurs cultures.


Le fonds América permet de prendre connaissance de l'histoire des peuples autochtones.


On trouvera, tout d'abord, des ouvrages qui traitent des civilisations précolombiennes : Olmèques, Aztèques, Mayas, Incas... Caterina Magni dans Les Olmèques, des origines au mythe revient sur la fondation d'une des premières grandes civilisations du Mexique et sur l'importance de son héritage. Publié en 2002 par les éditions Turner et Océano, pour accompagner une exposition de l'Académie Royale des Arts, à Londres, le livre Aztecas nous plonge, à travers une riche iconographie, dans l'univers de cette civilisation qui était puissante à l'arrivée des conquistadors. Dans Los Incas, Terence N. D'Altroy propose une synthèse des recherches sur l'Empire inca du Chili à l’Équateur.

Certains de ces documents s'arrêtent sur des aspects particuliers de l'histoire de ces civilisations. Ainsi, dans Los mayas, señores de la creacción, catalogue d'une exposition de 2006, c'est la question de la royauté sacré dans la civilisation maya qui est traitée. Dans El sol, la luna y las estrellas no son Dios..., Gerald Taylor présente des textes qui montrent comment l'évangélisation des populations andines se faisait en quechua au XVIe siècle.


On trouvera aussi des documents qui témoignent de la permanence de ces peuples autochtones. Dans Usos y costumbres de los indios de la pampa, Santiago Avendaño (1834-1874) qui avait été captif des indiens ranquel, décrit leurs coutumes et leur mode de vie. Des Indiens de la pampa argentine dont le recueil Indios en las primeras postales fotográficas argentinas del siglo XX offre des portraits saisis à l'aube du XXe siècle ; Un recueil d'archives comme celui intitulé Mapuche, fotografías siglos XIX y XX qui est centré sur le peuple mapuche. En 1920, c'est l’ethnologue Rafael Karsten qui publie un livre illustré de son voyage auprès des Indiens de l'Amazonie équatorienne de 1916 à 1919 : Entre los Indios de las selvas del Ecuador.

Plus près de nous, on doit à Henry Corradini qui s'intéressa à partir de 1947 aux cultures indigènes de l'aire caribéenne, un livre illustré de belles photographies sur les indiens Panare. On doit à Yves Billon un film qui dénonce le traitement infligé aux Indiens alors que se développe la route Transamazonienne et l'exploitation minière dans les années 1970 : La guerre de pacification en Amazonie. On peut signaler aussi une anthologie d'articles publiée en 1989 par Fernando Benitez sur les Amérindiens du Mexique : Los Indios de México ou le livre publié en 1990 par Raymond Zocchetti : Yanomamis, les coureurs de jungle. Une permanence des peuples autochtones dont témoignent encore des ouvrages publiés plus récemment : Wayuu, cultura del desierto colombiano du photographe Santiago Harker (1998) ; Orinoco, à la rencontre des indiens de l'Amazonie vénézuelienne, catalogue d'une exposition de la collection Cisneros qui s'est déroulée à Biarritz en 2001. On peut mentionner aussi le film documentaire Tu es, je suis... ou l'invention des Jivaros d'Yves de Peretti qui montre comment les Jivaros essayent de se défaire de l'image belliqueuse qu'on a d'eux en reprenant leur nom d'origine, les Shuar.


Cette permanence ne s'est pas faite sans lutte. Dans La rebelión de Tupac Amaru, Daniel Valcarcel revient sur une des grandes figures des luttes indiennes : Túpac Amaru II, un cacique qui prit en 1780 la tête d'un mouvement de rébellion contre les colons espagnols au Pérou. Dans Historia del pueblo mapuche, siglo XIX y XX, José Bengoa revient sur les origines du combat mené par le peuple mapuche pour exister ; Un combat toujours d'actualité comme le montre les films documentaires Retour en terre mapuche et Mari chi weu de Christophe Coello et Stéphane Goxe. De la contemporanéité de ces luttes, d'autres films témoignent. On peut citer Amapola, les enfants du tonnerre de Marta Rodriguez et Lucas Silva qui raconte comment les populations indiennes du fin fond des Andes colombiennes furent traitées par les autorités après un tremblement de terre et comment elles se sont défendues. On peut mentionner Le sang de la terre d'Ana Vivas qui témoigne de la lutte des Indiens U'wa contre un société pétrolière qui veut exploiter leurs terres. Et, dans Campesinos, histoire(s) d'une résistance, Sarah Pick et Fabien Lacoudre reviennent sur le mouvement paysan et indien qui a conduit l'un des siens, Evo Morales, à la présidence de la Bolivie.


On notera que quelques films de fiction se font l'écho des problématiques amérindiennes comme c'est le cas dans L'étreinte du serpent de Ciro Guerra, parabole de l'histoire des Indiens d'Amazonie, dans Même la pluie d'Icíar Bollaín où l'exploitation passée et présente des indiens sont mises en parallèle ou dans Le chant de la forêt de João Salaviza et Renée Nader Messora qui dénoncent la condition des Amérindiens dans le Brésil d'aujourd'hui.


Les collections du fonds América permettent d'appréhender la richesse et la diversité culturelles du monde amérindien.


On trouvera ainsi nombre de documents sur les arts précolombiens : L'art des Andes de Rebecca Stone-Miller, Comment regarder les Mayas et les Aztèques d'Antonio Aimi. Los Espíritus, el Oro y el Chamán, Museo del Oro de Colombia est le catalogue d'une exposition de pièces d'orfèvrerie et de céramiques provenant des sociétés précolombiennes de Colombie. La Escultura prehispánica de Mesoamérica de Beatriz de la Fuente, María Teresa Uriarte y Leticia Staines Cicero et Cuerpo y Cosmos, arte escultórico del México precolombino, catalogue d'une exposition qui s'est déroulée à Barcelone en 2004, sont des monographies richement illustrées sur la sculpture préhispanique.

On trouvera des ouvrages qui traitent d'aspects spécifiques de ces arts précolombiens : Pintura mural prehispánica, édité en 1999 aux éditions Lunwerg, traite des peintures murales des civilisations précolombiennes du Mexique ; Elogio del cuerpo mesoamericano (Artes de México n°69) s'intéresse aux représentations du corps dans l'art préhispanique de la Mésoamérique, une aire géographique et culturelle qui va du nord du Mexique au Costa Rica ; Serpiente en el arte prehispánico (Artes de México n°32) s'intéresse aux représentations et à la symbolique du serpent dans l'art précolombien du Mexique.


La permanence des formes et des motifs des cultures amérindiennes est illustrée par des ouvrages sur l'artisanat. On peut citer Artesanías y técnicas shuar de César Bianchi qui passe en revue toutes les techniques artisanales des indiens shuar, Brésil indien, les arts des Amérindiens du Brésil, catalogue d'une exposition au Grand Palais en 2005, ou El diseño indígena argentino d'Alejandro Eduardo Fiadone qui recense les motifs décoratifs des indiens d'Argentine. C'est notamment dans l'artisanat textile que l'on peut observer la part de tradition et de création ; on pourra consulter sur le sujet le film Molakana, coudre le monde de Michel Perrin qui traite de l'art des « molas », des pièces de tissus créées par les indiennes Kuna du Panama, le numéro 35 de Artes de México consacré aux textiles de Oaxaca ou Arte textil, colecciones del Centro de Textiles del Mundo maya de María Teresa Pomar et Juan Rafael Coronel Rivera.


D'autres aspects de cette culture vivante sont abordés comme le travail des plumes - Las culturas verdes, arte plumario de los pueblos de la selva qui montre les collections de la Fondation Nicolás García Uriburu d'Argentine - ou comme les pratiques médicinales : le film L'ayahuasca, le serpent et moi d'Armand Bernardi ou le livre El bejuco del alma, los médicos tradicionales de la Amazonia colombiana, sus plantas y sus rituales de Richard Evans Schultes et Robert Raffauf.

Sans oublier la tradition musicale dont on trouvera nombre de CD dans le fonds América : Quenas del Ande de Pedro Chalco, Musique de Norte Potosi de Florindo Alvis ou le travail de collectage de la Phonothèque de L'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire du Mexique : Música indígena de Los Altos de Chiapas, Música indígena del Noroeste ou Música indígena de México. On peut ajouter à cette petite liste le livre Música, danzas y máscaras en los Andes dirigé par Raúl Romero qui s'intéresse aux traditions festives des Andes.


Enfin, la littérature amérindienne est bien représentée dans les collections América. D'abord, les récits mythologiques et légendaires anciens qui sont parvenus jusqu'à nous : Popol Vuj, libro sagrado de los Mayas - un texte mythologique maya rédigé en quiché à l'époque coloniale-, Mitos y leyendas de los Aztecas, Incas, Mayas y Muiscas - des mythes et des légendes de Mésoamérique et des Andes rassemblées par Walter Krickeberg – ou Mitos Andinos de María Noguerol Álvarez. Des récits légendaires et des contes transmis par la tradition orale ou par le témoignage des chroniqueurs et qui ont été rassemblés : Leyendas indígenas de la Argentina de Lautaro Parodi, Cuentos indígenas de América del Sur de Aroní Yanko, Mitos y leyendas de los Taínos, antiguos pobladores de las Antillas de Enrique Pérez Díaz ou L'univers enchanté des Indiens Shipibos par Luis Urteaga Cabrera.

La poésie est elle aussi représentée : Imashi ! Imashi !, une compilation de Carlos David Kleymeyer qui propose des devinettes poétiques des indigènes d'Equateur, du Pérou et de Bolivie, Poésie guarani, une édition trilingue de Rubén Bareiro Saguier et Carlos Villagra Marsal, Poesía tradicional indígena costarricense, ou, encore, les textes en langue maya quiché du poète contemporain Humberto Ak'abal.

On peut conclure cette liste littéraire avec Récits aztèques de la Conquête, une compilation de Georges Baudot et Tzvetan Todorov qui permet d'appréhender à travers le point de vue indigène la conquête, par Cortès, du Mexique central.


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