DOSSIER : Les Arts Plastiques dans le fonds América

Guayasamin


Le fonds América comprend une vaste section consacrée aux arts plastiques d'Amérique Latine qui permet notamment de découvrir les créations des figures incontournables des avant-gardes dont on ne retient le plus souvent que les icônes internationales comme Frida Kahlo ou Fernando Botero.

Vous trouverez nombre de documents sur les institutions culturelles qui ont permis l'émergence et la reconnaissance des innovations artistiques : Une présentation du MALBA, Musée d'Art latino-américain de Buenos Aires, dédié à l'art latino-américain du début du XXe siècle jusqu'à nos jours ; Le catalogue d'une exposition qui rend hommage à la revue Orígenes qui, de 1944 à 1956, a relayé les avant-gardes littéraires et les nouvelles recherches plastiques...

Un coup d’œil sur les livres d'art de l'Espace América permet de se rendre compte de la variété et de l'importance des artistes latino-américains.

Joaquín Torres García (1874-1949). Originaire de Montevideo, il deviendra à la fin des années 1910, une des figures importantes de la vie artistique et intellectuelle de Barcelone. En 1928, il s'installe à Paris où il fonde avec Seuphor et d'autres artistes abstraits le groupe et la revue Cercle et Carré. C'est là qu'il élabore son système esthético-philosophique : l'Universalisme Constructif. Dans son pays, à partir de 1942, il anime un atelier qui sera à l'origine d'une école picturale : La Escuela del Sur.


Lasar Segall (1891-1957). Né dans une communauté juive de Lituanie, formé en Allemagne où il devient un des représentants de l'Expressionnisme, il émigra au Brésil en 1923 où son œuvre aura une grande influence.

Tarsila do Amaral (1886-1973). Peintre qui fut l'amie de nombreux poètes dont Blaise Cendrars. Elle se forma auprès d'
André Lhote et de Fernand Léger et fit connaître au Brésil les avant-gardes européennes.


Candido Portinari (1903-1962). Sa production qui va de petites esquisses à de vastes peintures murales est impressionnante. Il a exécuté une immense composition offerte par le Brésil au palais de l'O.N.U., à New York : La Guerre et la Paix.


Roberto Matta (1911-2002). Chilien, il s'installa en France en 1933 et fit la connaissance d'André Breton par l'intermédiaire de García Lorca et de Dalí. En 1937, il participe à l'Exposition internationale du surréalisme à Paris. Artiste engagé, après le coup d'État du général Pinochet, il coupe tout lien avec son pays natal qui lui rendra hommage, lors de son décès, avec trois jours de deuil national.


Jesús Rafael Soto, né au Venezuela en 1923 et mort en France en 2005, est un artiste emblématique de l'Op Art et de l'Art cinétique. Il crée, à partir de 1967, les célèbres Pénétrables, volumes suspendus dans l’espace et constitués de centaines de fines tiges verticales.


Carlos Cruz-Diez (Venezuela, 1923). Il a d'abord travaillé comme illustrateur et dessinateur de bandes-dessinées dans différents journaux. À partir des années 60, installé à Paris, ses travaux s'orientent vers la mouvance de l'art cinétique.

Julio Le Parc. Cet argentin, né en 1928 est, lui aussi, un personnage emblématique de l’art cinétique et de l’Op Art. Il est membre fondateur du G.R.A.V. (Groupe de Recherche d’Art Visuel) et ses recherches s'inscrivent encore aujourd'hui dans des questionnements très contemporains.


Claudio Bravo (1936-2011). Peintre chilien connu pour ses tableaux hyperréalistes.

l'Amérique Latine a une longue et riche histoire artistique marquée par un double héritage culturel, celui du monde amérindien et l'influence occidentale.

Les premières manifestations artistiques d'importance du continent remontent à la civilisation olmèque apparue vers 1200 avant J.C. et connue pour ses grandes têtes sculptées dans la pierre. D'autres grandes civilisations se succéderont enrichissant le patrimoine plastique amérindien : Images guerrières et art funéraire des Zapotèques, peintures murales de Cacatxtla, dessins gigantesques de Nazca...l'art pré-hispanique est d'une grande variété, il va du naturalisme à une stylisation qui touche parfois à l'abstraction.

Cacaxtla

Nazca

L'arrivée des Espagnols et des Portugais va tout bouleverser notamment parce que les expressions plastiques des cultures amérindiennes seront assimilées à des diableries et massivement détruites.

Les nouveaux maîtres vont très vite imposer leur culture : l'église de Saint Nicolas de Bari, à Saint Domingue a été construite entre 1503 et 1508 et le début de l'édification de la cathédrale de México date de 1532. La conquête étant aussi spirituelle, l'art religieux européen se développe rapidement en Amérique Latine.

Un art colonial voit le jour mais les retables, les images, les éléments décoratifs sont souvent réalisés par des artistes locaux qui réinterprètent les canons esthétiques importés aux Amériques. C'est ainsi que l'on trouve en Amérique Latine, une expression particulière du Baroque qui, par exemple au Brésil, connaîtra son apogée avec Aleijadinho, fils d'un Portugais et d'une esclave africaine.


Des musées, des académies et des écoles d'art seront fondés au XIXe siècle qui bientôt participeront à la recherche identitaire des nouvelles nations américaines. Ainsi au début du siècle, on voit, au Mexique et au Brésil, se développer la peinture historique et celle de paysage.

Mais c'est la peinture de genre, alors considérée comme mineure, qui va marquer le XIXe siècle ; en effet, le « costumbrismo » sera un des enjeux artistiques majeurs du siècle dans les arts plastiques mais aussi en littérature. Toute une imagerie va mettre en avant les coutumes, les mœurs, les « types »...et un récit nationaliste. Cette imagerie sera relayée massivement par la lithographie et la presse qui se développent.

Pancho Fierro

Mais, l'art latino-américain restera longtemps tributaire des apports européens : Naturalisme espagnol, Avant-gardes françaises ou, en Argentine, les racines culturelles italiennes. Il faut attendre les années 1920-1930 pour voir émerger une expression artistique proprement américaine.

Dans ses années-là, la majeure partie des artistes, comme Spilimbergo par exemple, s'inscrit dans la tradition figurative et obéit aux canons classiques du Modernisme. Il ne faut pas oublier que Joaquin Torres Garcia commença sa carrière artistique en travaillant avec Gaudi à Barcelone.
On trouve chez nombre d'artistes qui marquent cette période, l'écho des avant-gardes artistiques du vieux continent : Futurisme, Fauvisme, Dadaïsme, Cubisme, Surréalisme.

L'Argentin Fernando Fader, le Chilien Juan Francisco Gonzalez, l'Urugayen Pedro Blanes Viale, le Mexicain Joaquin Clausell furent influencés par l’Impressionnisme ; Le Colombien Andrés de Santa Maria, par l’Expressionnisme. Rafael Barradas créa le Vibrationnisme à partir du Futurisme ; Emilio Pettoruti s'intéressa à l'abstraction....

Fernando Fader

Pettoruti

Mais une revendication de ce qui est autochtone apparaît très tôt, notamment avec le mouvement indigéniste au Mexique, au Pérou, en Équateur, au Guatemala et au Honduras dont le représentant le plus connu est le Mexicain Diego Rivera.


Les peintres qui auront un rôle décisif dans cette recherche d'une expression artistique proprement américaine au sein de la modernité seront Rufino Tamayo et Wifredo Lam dans les années 1930-1940. Wifredo Lam que le Guernica bouleversa va peu à peu trouver son langage propre qui intègre des éléments du folklore afro-cubain.

Tamayo

Il est à noter, enfin, que certains pays comme le Honduras ou Haïti ont une forte tradition d'art naïf. 

Les enjeux initiés par les avant-gardes européennes et les mouvements artistiques qui suivront vont irriguer les recherches plastiques des artistes latino-américains tout au long du XXe siècle. Entre universalisme et particularisme, l'art contemporain du continent frappe par son éclectisme.

Ainsi, l'abstraction se décline en abstraction géométrique, abstraction lyrique, ou expressionnisme abstrait...des recherches dont hériteront les générations des années 70.
Le surréalisme connaîtra une longévité notable en Amérique Latine. On peut le voir par exemple dans les tableaux de Gonzalo Endara Crow.



L'art informel apparu dans l'après-guerre irrigue les expérimentations des années 60 jusqu'à aujourd'hui.
La longue tradition figurative est exploitée par des artistes qui se veulent autant héritiers que novateurs : Certains artistes réinvestissent l'imagerie populaire d'autres s'orientent vers l'hyperréalisme.
Le Pop Art né dans les pays anglo-saxons dans les années 50-60 et qui a connu une diffusion mondiale aura ses représentants en Amérique Latine.
Les années 60-70 sont marquées par l'émergence de L'Art conceptuel, fondé sur l’affirmation de la primauté de l’idée sur la réalisation.
Toutes les tendances artistiques qui ont marqué le siècle ont trouvé écho en Amérique Latine : Op art, Art cinétique, Land art...

Depuis les années 70, les pays latino-américains ont pris de nombreuses initiatives publiques et privées visant à stimuler la création artistique et à favoriser sa diffusion. Si des maîtres comme Rufino Tamayo ou Roberto Matta continuent de marquer longtemps la production artistique du siècle, d'autres grandes figures ont émergé comme Edgar Negret, dont on peut voir une sculpture dans le jardin des Rocailles, à Biarritz, ou Francisco Toledo. Dans leur sillage, une multitude d'artistes ont vu le jour. Le site ARTESURlancé en 2011 par le Centre Pompidou, propose de suivre les activités des artistes, des galeries, des institutions, des événements de tout le continent sud-américain.

Negret

Toledo


Voici, une petite liste d'artistes ayant marqué le XXème siècle que vous trouverez dans le fonds América.

Héctor Ragni (1897 - 1952) Il commença en peignant des panneaux publicitaires et c'est à Barcelone, dans le Groupe des Artistes Catalans, qu'il débuta véritablement son activité de créateur comme peintre et comme graveur. De retour à Montevideo en 1927, il dessine des lettres, des affiches, des dessins publicitaires. Il sera parmi les premiers à adopter l'universalisme constructif de Torres-García.

Juan Melé (1923-2012) Formé en Argentine, il s’intéresse dans les années 40 à l’Art concret. Invité à se former à l’Ecole du Louvre en 1948, il va entrer en contact avec de nombreux artistes européens : ceux du groupe Concret de Milan, Max Billy en Suisse, Michel Seuphor, Georges Vantongerloo, Sonia Delaunay, Antoine Pevsner…à Paris. Il exposera alors au Salon des Réalités Nouvelles. De retour en Argentine, il intègre l’Association Arte Nuevo et publie des articles sur l’art concret. Il a participé à de nombreuses et prestigieuses rétrospectives d’art latino-américain.

Kenneth Kemble (1923 - 1998). Entré à l’Académie Lothe de Paris en 1951, il visita nombre de musées européens. En 1956, il commence une série de collages et de peintures réalisées avec des morceaux de tissus, des cartons, des bouts de grillage…qui contribue à rénover le langage plastique argentin. En 1958, il participe à l’exposition Arte Nuevo de la Galerie Pizarro. En 1961, il réalise une autre exposition qui a pour titre Arte Destructivo, une exposition qui ouvre la voie à l’art conceptuel en Argentine.
Alberto Heredia (1924-2000). Peintre et sculpteur, il a s’est très tôt intéressé à l’art mais c’est un autodidacte. Son oeuvre se caractérise par son aspect expérimental, sa dimensión de critique sociale et son ironie.

Omar Rayo (1928 - 2010) D’abord caricaturiste, il sera embauché comme illustrateur par le journal El Siglo de Bogota et c'est dans cette ville qu'il commencera à élaborer un langage plastique plus personnel. En 1953, il se lance dans un périple à travers toute l’Amérique Latine qui lui permet d’exposer et de rencontrer d’autres artistes. Il vit quelques temps avec des Amérindiens en Amazonie et étudie l’art précolombien. Ce voyage sera déterminant dans sa trajectoire artistique puisqu’il s’intéressa aux possibilités de la géométrie qui désormais caractériseraient ses travaux.


Mauricio Bueno est né en Equateur en 1939 mais il a vécu jusqu’en 1960 à New York. A Bogota, il étudiera l’architecture. En 1977, il devient, dans son pays, enseignant à la Faculté des Arts et d’Architecture et directeur de l’École des Arts Plastiques. Il expose en Angleterre, aux États-Unis, au Canada, dans divers pays d’Amérique Latine et en Espagne. Son œuvre se caractérise par l’utilisation de matériaux comme l’eau, la terre, le feu, les cordes, par une exploration des possibilités offertes par la technologie : néon, laser…et par un questionnement des enjeux environnementaux du monde contemporain.

Adolfo Nigro, né en Argentine en 1942. Ses premiers tableaux datent de 1957. En 1966, il s’installe à Montevideo et participe à l’atelier de Joaquín Torres García. S’inspirant du réalisme conceptuel de Fernand Léger, influencé par le cubisme analytique de Pablo Picasso et Georges Braque, il élabore un langage plastique qui vise à la simplification géométrique. A partir des années 70, il se tourne vers la céramique et la tapisserie et réalise des œuvres qui s’inspirent des motifs symboliques de l’art précolombien. En 1974, de retour à Buenos Aires, sa peinture s’intéresse à la ville et s’inspirant de Bachelard il explore la thématique terre-air-eau. Dans les années 2000, il élabore une série de collages aux couleurs saturées qui intègrent des éléments du quotidien.


Carlos Gallardo (1944 – 2008). Peintre, photographe, graphiste, scénographe, designer, il a travaillé avec de très nombreuses compagnies de danse et avec des théâtres. Le temps et la mémoire, les mots, la poésie sont des thèmes récurrents de son œuvre.

Martín Kovensky, né en 1958 à Buenos Aires, il s’installe en 1978 au Brésil où il expose ses premiers travaux. En 1980, il suit des cours au Art Students League de New York. De retour à Buenos Aires, il participe au mouvement culturel underground qui marque l’époque. Dans les années 90, il continue à réaliser des objets et des dessins et il met en forme la revue Página/30 qui explore la génération d’images digitales.

Ernesto Berra, né en 1947, est un artiste argentin informaliste qui a commencé ses recherches autour d'une esthétique du mur inspiré de Tápies. Il travaille le bois en l'enrichissant de tissus, de fils de fer, de plaques...créant une architecture toute personnelle.

Marta Inés Minujín, née en 1943. Cette artiste plasticienne s'est fait connaître à partir des années 60 pour ses oeuvres, ses installations et ses performances qui relèvent de l'art conceptuel, du Pop Art ou de l'art psychedélique.

Par ailleurs, l'art latino-américain a été un moyen de rendre compte de la réalité du continent et un des espaces de l'expression politique.
Au XIXe siècle, des musées, des académies et des écoles d'art furent fondées qui bientôt participent à la recherche identitaire des nouvelles nations américaines.

Le « costumbrismo » sera un des enjeux artistiques majeurs du siècle dans les arts plastiques mais aussi en littérature. Amené par les artistes étrangers qui découvraient le continent, adopté par les artistes autochtones, le « costumbrismo » inventorie toute une imagerie qui met en avant les coutumes, les mœurs, les « types »...et un discours plastique nationaliste qui va être relayé massivement par la lithographie et la presse qui se développent.
Ainsi, la figure du « gaucho » devient un symbole d'identité dans l'Argentine de Juan Manuel de Rosas. Le peintre Prilidiano Pueyrredon (1823-1870) qui peint aussi les faubourg de Buenos Aires sera le premier à le mettre en scène dans ses tableaux. En Uruguay, le peintre Juan Manuel Blanes (1830-1901) sera appelé le « peintre de la patrie ».

Puyrredon

Blanes

Cette imagerie est aussi véhiculée par la caricature qui a, en Amérique Latine, une longue et vive histoire.

« Tout passe et se transforme et les tableaux de vierges sont dépassés. Une société nouvelle demande une nouvelle peinture » écrit José Marti, grande figure du mouvements des Indépendances.

Dans les premières décennies du XXe siècle, alors que l'on voit fleurir, comme en Europe, nombre d'écoles, de manifestes, de revues, cette recherche d'un art proprement latino-américain s'affirme encore : Quinquela peint la ville de Buenos Aires ; Sergio Guardera peint Quito; Au Brésil, Gilberto Freyre rédige en 1926 le Manifeste Régionaliste...

Mais c'est surtout la Révolution mexicaine de 1910 et le Muralisme mexicain qui s'en fait l'écho qui vont marquer un tournant dans cette recherche.
« De la même manière que l'Europe s'est unifiée autour de la culture gréco-latine, l'Amérique peut réaliser son unité panaméricaine autour de la magnifique culture indigène de son continent » écrit Diego Rivera, en 1922, dans le Manifeste du Syndicat des artistes révolutionnaires.
Les autres grands peintres du Muralisme mexicain seront David Alfaro Siqueiros et José Clemente Orozco.

Siqueiros

Orozco

De nombreux artistes ont tenté de renouer avec le passé préhispanique. Ainsi du peintre équatorien Camilo Egas (1889-1962) dont les premières représentations d'amérindiens furent considérées comme une provocation ou, plus proche de nous, les recherches du Cubain De Armas sur la culture des Tainos, premiers habitants de l'île vite disparus après la Conquête. Mais, c'est le Mexicain Rufino Tamayo qui va de manière magistrale réussir à allier la thématique indigéniste et les nouveaux enjeux plastiques.

Egas


Le Cubain Wifredo Lam fera de même en intégrant aux expérimentations formelles de l'abstraction les éléments africains de la culture cubaine.

Ce qui est mis en avant par ses artistes c'est le processus de métissage dont est issue la culture du continent mais, ce qui est en jeu aussi, depuis la révolution mexicaine, c'est la place qui est donnée aux minorités raciales. L’œuvre d'Eduardo Kingman (1913 - 1997) par exemple, constitue une dénonciation de la condition du peuple indien d'Équateur.

Kingman

Des peintres comme Portinari ou Berni se sont distingués autant par leur engagement que par leur œuvre. Oswaldo Guyasamin a peint la misère, l'exploitation, l’oppression, la dictature et le racisme.

Berni

Guayasamin

L’œuvre du peintre argentin Carlos Alonso est marquée par la violence de la dictature. La trace de la violence politique apparaît souvent dans les travaux de nombreux artistes qui veulent en donner témoignage ou en garder la mémoire.

Alonso

Et les peintres uruguayens Nelson Román, José Unda, Ramiro Jácome y Washington Iza qui formèrent le groupe des “Cuatro Mosqueteros”, dans la mouvance de la peinture néo-figuratives proposèrent des tableaux d'une féroce ironie.
On peut ajouter à cette liste la série de tableaux réalisée par Fernando Botero sur la tristement célèbre prison de Bagdad, 
Abu Ghraib.

Botero

Pour conclure, on peut dire que la dimension identitaire et critique de l'art latino-américain reste importante quand on voit comment s'est développé, ces dernières décennies, l'art chicano, cet art qui permet aux Latino-américains des États-Unis de garder des liens avec leurs racines et de donner leur point de vue sur la société nord-américaine.

On trouve, bien entendu, un écho de cette thématique des arts plastiques dans la production littéraire latino-américaine. Voici quelques suggestions de lecture.

Dans certains livres, l’œuvre d'art sert juste l'intrigue.
C'est le cas dans El velázquez de París de Carmen Boullosa qui retrace le périple d'un tableau du grand peintre espagnol perdu dans l'incendie de l'Alcazar de Madrid en 1734 : L'expulsion des Morisques. C'est encore le cas dans El secreto de los flamencos de Federico Andahazi, un thriller historique qui se déroule à l'époque où les peintres florentins qui maîtrisent le secret de la perspective sont en concurrence avec les peintres flamands, maîtres de l'alchimie des pigments... Enfin, dans le roman policier Paísaje de otoño (L'automne à Cuba), Leonardo Padura nous plonge dans une affaire de trafic d’œuvres d'art.

Parfois, le motif artistique est prétexte à jeu poétique, comme dans le texte de Miguel de Francisco, El enano y el trebol, où le narrateur rencontre le nain peint par Velázquez. C'est aussi le cas dans Salvatierra de Pedro Mairal où une peinture monumentale et mystérieuse devient l'occasion pour un fils de découvrir son père.

D'autres auteurs s'arrêtent sur des personnalités de l'histoire de l'art.
Ainsi, Carmen Boullosa, dans La virgen y el violín, retrace le destin exceptionnel de Sofonisba Anguissola (1523-1625), une femme peintre de la Renaissance. De même, Manuel Mujica Láinez, avec son long roman Bomarzo, nous plonge dans l'univers du condottierre italien Pier Francisco Orsini, créateur des célèbres et extravagants jardins de Bomarzo.
Dans Esto no es una pipa, Saturno, Eduardo Halfon tente de rendre compte de l’œuvre et de la vie du peintre Carlos Valenti qui est considéré comme un des pionniers de l'art moderne au Guatemala et qui se suicida à vingt-quatre ans. Edmundo Paz Soldán, dans Nortemêle trois destins de Mexicains aux États-Unis ; parmi ceux-ci, celui d'un artiste autodidacte, Martin Ramirez.
La Mexicaine Elena Poniatowska évoque dans plusieurs livres des peintres qui ont marqué la vie artistique de son pays. Ainsi, dans son recueil de nouvelles Las siete cabritas, on trouve Frida Kahlo et María Izquierdo. Avec Cher Diego, Quiela t'embrasse, elle met en lumière un épisode de la vie du grand Diego Rivera. Dans un autre ouvrage, c'est à Miguel Covarrubias, peintre et caricaturiste mexicain qu'elle rend hommage. Elle a écrit, enfin, une biographie de l'artiste surréaliste Leonora Carrington : Leonora.
Parfois, c'est un moment particulier de la vie de ces personnalités artistiques qui sont traités : Jorge Marchant Lazcano dans La joven de Blanco nous plonge dans les péripéties romanesques du peintre James McNeill Whistler lors d'un voyage à Valparaiso, en 1866 ; César Aira, avec Un episodio en la vida del pintor viajero relate les événements vécus, en Argentine, par le peintre voyageur allemand Johann Moritz Rugendas.

D'autres romans sont l'occasion d'une réflexion sur l'art. Ainsi, du livre de Manuel Mújica Láinez, Un novelista en el Museo del Prado, où, à l'occasion d'une visite du célèbre musée, les personnages des peintures et les statues abandonnent leur toile et leur piédestal et s'animent. Ainsi, encore, de celui de José Donoso, Lagartija sin cola, où un artiste cherche à s'isoler du monde pour continuer à créer. Dans son roman Estrella distante, Roberto Bolaño, lui, explore les relations entre art et idéologie.

Il faut citer encore La creacción de Agustín Yáñez qui dresse un portrait de la vie artistique mexicaine après la révolution.

Documents à consulter

  • Orígenes y la vanguardia cubana (México : Museo de arte moderno, 2000)
  • El diario de Frida Kahlo: un íntimo aurretrato Ensayo y comentarios de Sarah M. Lowe (México : La Vaca Independiente, 2001)
  • Botero en Buenos Aires : Abril-Mayo 1994/ Museo Nacional de Bellas Artes-Buenos Aires
  • Gabriel Orozco en Villa Iris : Taller y exposición (Fundación Marcelino Botín, 2005)
  • Torres-García: Utopía y trangresión de Mario H. Gradowczyk (Museo Torres García, 2007)
  • Candido Portinari de Antonio Callado (Buenos Aires: Banco Velox, 1997)
  • Lasar Segall: un expresionista brasileño (Buenos Aires : MALBA, 2002)
  • Tarsila do Amaral de Aracy Amaral (Departamento de pomoçao cultural do Banco Velox, 1998)
  • MATTA (Fundació Caixa Catalunya, 1999)
  • La construcción de la mirada : XX años del Museo de Arte Moderno Jesús Soto (1973-1993) (Ciudad Bolívar: Fundación Museo de Arte Moderno Jesús Soto, 1993)
  • Le parc lumière : obras cinéticas de Julio Le Parc (Daros-Latinoamericana, 2005)
  • Claudio Bravo : Pinturas y Dibujos de Paul Bowles, Francisco Calvo Serraller et Eddward J. Sullivan (Lerner & Lerner, 2005)
  • Carlos Cruz Diez y el arte cinético de Julio César Schara (México D.F. : Conaculta, 2001)
  • Braun Vega (Exposition, Paris, Maison de l'Amérique latine, à partir du 24 mai 2002 ; Lima, Pontificia universidad catolica del Peru, 2002 / Somogy, 2002)
  • Szyszlo : Travesía (Mariela Balbi edición - Universidad peruana de ciencias aplicadas, 2001)
  • José Gurwich : un canto a la vida d'Alicia Haber (Mosca, 2000)
  • María Izquierdo : una verdadera pasión por el color (México: Editorial Océano de México, 2002)
  • Jorg Camacho. Vue imprenable . Confines lejanos d'Anne Tronche (Palantines, 2004)
  • Antonio Segui: Obras gráficas (Buenos Aires: MAMba, 2001)
  • Arte colombiano : 3500 años de historia. Dirección, diseño y edición Benjamín Villegas; Textos de Santiago Londoño Vélez (Bogota: Villegas, 2001)
  • Historia del arte iberoamericanoObra a cargo de Ramón Gutiérrez y Rodrigo Gutiérrez Viñuales (Madrid : Lunwerg, 2000)
  • Revelaciones : Las artes en América Latina, 1492-1820 Compilado por Joseph J. Rishel México: Fondo de Cultural Economícam 2007)
  • Arte Latinoamericano del siglo XX Edición de Edward J. Sullivan (Nerea, 1996)
  • Pintura mural prehispánica de Beatriz de la Fuente (Lundwerg, 1999)
  • Elogio del cuerpo mesoamericano (Artes de México N°69)
  • Museo Nacional de Antropología : México (Turner, 2004)
  • Escultura Tolteca de Xavier Noguez (México D.F. : Conaculta, 1998)
  • Universo escultórico mesoamericano de Ana Ortega (México D.F. : Conaculta, 1996)
  • Cuerpo y cosmos : Arte escultórico del México precolombino (Barcelona : Lunwerg, 2004)
  • Perú indígena y virreinal (Barcelona. Museu Nacional de Catalunya (MNAC). Mayo-Agosto 2004 / Madrid. Biblioteca Nacional. Octubre2004-Enero 2005 / Museo Nacional de Virreinato. Tepotzotlán : La vida y la obra en la Nueva España / Washington D.C. (EE.UU). National Geographic Museum at Explorers Hall. Febrero-Junio 2005/ Madrid : SEACEX Sociedad estatal para la acción cultural exterior, 2004)
  • Corpus aureum : escultura religiosa de Alfonso Alfaro y María del Consuelo Maquívar (México: Artes de México, 1995)
  • El arte Namban en el México virreinal de Rodrigo Rivero Lake (Turner, 2005)
  • El noble arte de la pintura : Venezuela 1700-1810 (Fundación Banco Mercantil, 2007)
  • Museo de arte del estado de Veracruz (México : Fomento cultural Banamex, 2001)
  • Pintura argentina : Panorama del periodo 1810-2000. Impresionismo y paisaje de Santiago Kovadloff, Sylvia Iparraguirre y Diana B. Wescsler (Buenos Aires : Banco Velox, 2001)
  • Arte Moderno de México : 1900-1950 de Luis-Martín Lozano (México: Antiguo Colegio de San Ildefonso, 2000)
  • Hacia Tamayo de Damián Bayón (México : Fondo de Cultura Económica, 1995)
  • Wilfredo Lam en las colecciones cubanas de José Manuel Noceda (Centro de Arte contemporáneo Wilfredo Lam, 2002)
  • Introducción al arte naïf guatemalteco : Descubramos la pintura maya contemporánea de Guatemala (Guatemala: Bancafe, 2000)
  • La vanguardia informalista : Buenos Aires 1957-1965. Informalismo, arte destructivo, arte cosa de Jorge López Anaya (Buenos Aires: Edición Alberto Sendrós, 2003)
  • Francisco Toledo de Julian Pablo (Conaculta-fonca, 1999) (DVD)
  • Héctor Ragni : 1897-1952 (Museo Eduardo Sivori)
  • Omar Rayo : homenaje. Textos de William Ospina (Bogota : Villegas, 2006)
  • Homenaje : Negret escultor. Dirección, diseño y edición Benjamín Villegas, Textos Carlos Jiménez (Bogotá: Villegas, 2004)
  • Melé de Gabriela Siracusano (Fundación Mundo Nuevo)
  • Generación del 68 : Entre la agonía y la fiesta de la modernidad. Investigación y textos Alfonso Castrillón (Lima: Instituto cultural peruano norteamericano, 2003)
  • Gonzalo Endara Crow (Foro de arte Exedra, 1989)
  • Alberto Heredia : Retrospectiva (Buenos Aires : Museo de arte moderno, 1998)
  • Adolfo Nigro en el umbral de la imágen: Objetos y collages (Museo municipal de Bellas Artes Juan B. Cartagnino/ Buenos Aires: La marca editora, 2003)
  • Kenneth Kemble : la gran ruptura, 1956-1963
  • Kovensky 4.0 (Buenos Aires : La marca editora, 1999)
  • Arte cubano : más allá del papel de Llilian Llanes y Antonio Zaya (Madrid : Turner libros, 1999)
  • Ernesto Berra (Córdoba: Vía Margutta, 2004)
  • Marta Minujin par Romero Brest (Edición Edgardo Giménez)
  • Imaginarios prehispánicos en el arte urugayo : 1870-1970 (Montevideo : Fundación MAPI, 2006)
  • Los Independientes : distancias y antagonismos en la plástica peruana de los años 37 al 47 de Alfonso Castrillón (Lima: Instituto cultural peruano norteamericano, 2001)
  • Entre el silencio y la violencia : Arte contemporáneo argentino (Buenos Aires : arteBA fundación, 2004)
  • Regreso : Arte latinoamericano y memoria (Madrid : Casa de América, 2009)
  • Contemporary chicana and chicano ar(2 Volumes) (Bilingual Press, 2002)
  • Juan Manuel Blanes : La Nación naciente 1830-1901 (Montevideo: Museo municipal de Bellas Artes Juan Manuel Blanes, 2002)
  • Prilidiano Pueyrredon. Ensayo histórico Félix Luna, estudios críticos Roberto Amigo y Laura Giunta (Buenos Aires: Banco Velox, 1999)
  • Camilo Egas (Quito : Banco central del Ecuador, 2003)
  • Los murales de Diego Rivera : Universidad autónoma Chapingo de Raquel Tibol (Chapingo : Universidad autónoma Chapingo, 2002)
  • David Alfaro Siqueiros : pintura mural de Antonio Rodríguez (México: Banco Nacional de Comercio Exterior, 1992)
  • Gabriel Orozco (Madrid : Centro Nacional de Arte Reina Sofía, 2005)
  • Quinquela de Ignacio Gutiérrez Zaldívar (Zurbarán ediciones, 2000)
  • Pintura argentina. Panorama del período 1810-2000 : Antonio Berni (Buenos Aires : Banco Velox, 2001)
  • Guayasamin, la obra...(Cordoba : Obra social y cultural de Caja Sur, 2000)
  • Eduardo Kingman de Hernán Rodríguez Castelo (La manzana verde, 1985)
  • De Armas de Santi Zagarra (Zarafa film) (DVD)
  • Elena Izcue : el arte precolombino en la vida moderna de Natalia Majluf y Luis Eduardo Wuffarden (Lima : Ediciones del umbral, 1999)
  • Ana Mercedes Hoyos (Villegas, 2001)
  • Iza, Jácome, Román, Unda : los cuatro mosqueteros de Hernán Rodríguez Castelo y Ramiro Jácome Durango (Quito: Fundación cultural Exedra, 1993)
  • Botero : Abu Ghraib; El circo (Valencia : IVAM, 2008)
  • Carlos Alonso: (auto)biografía en imágenes (Buenos Aires: Ro, 2003)
  • Uriburu: Utopías del sur de Pierre Restany (Electa, 2001)
  • La historia de un país en caricatura. Caricatura mexicana de combate: 1826-1872 de Rafael Barajas (México D.F. : Conaculta, 2000)
  • Humorismo gráfico iberoamericano de Miguel Roja (Buenos Aires : Prometeo Libros, 2006)
  • La virgen y el violín de Carmen Boullosa (Madrid : Siruela, 2008)
  • El velázquez de París de Carmen Boullosa (Madrid : Siruela, 2007)
  • El enano y el trebol de Miguel de Francisco (Paris : L'harmattan, 2005) (Edition bilingue)
  • La joven de Blanco de Jorge Marchant Lazcano (Santiago de Chile : Alfaguara, 2004)
  • Salvatierra de Pedro Mairal (El aleph, 2010)
  • Un novelista en el Museo del Prado de Manuel Mújica Láinez (Barcelona : La otra orilla, 2007)
  • Bomarzo de Manuel Mújica Láinez (Editorial Seix Barral, 1983)
  • Lagartija sin cola de José Donoso (Madrid : Santillana de ediciones, 2007)
  • Estrella distante de Roberto Bolaño (Madrid : Anagrama, 1996)
  • Esto no es una pipa, Saturno de Eduardo Halfon (Guatemala : Santillana, 2003)
  • Norte de Edmundo Paz Soldán (Editorial Grijalbo Mondadori, 2011)
  • Paísaje de otoño de Leonardo Padura Fuentes (Barcelona : Tusquets ediciones, 1998)
  • Un episodio en la vida del pintor viajero de César Aira (Santiago de Chile:LOM, 2002)
  • El secreto de los flamencos de Federico Andahazi (Barcleona : Destino, 2007)
  • Las siete cabritas d'Elena Poniatowska (Txalaparta, 2001)
  • Querido Diego, te abraza Quiela de Elena Poniatowska (México D.F., Ediciones Era,2003)
  • Miguel Covarrubias. Vida y mundos d'Elena Poniatowska (México D.F., Ediciones Era, 2004)
  • Leonora d'Elena Poniatowska (Editorial Seix Barral, 2001)

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